Le chauffage du four
La fournière chauffe généralement le four pour deux ou trois ménages à la fois. Il détermine l’ordre et le nombre de fournées à effectuer dans la journée, entrecoupée par des périodes de chauffe.Le bois est payé ou donné par des particuliers. Le fagot de bois vaut de quatre à huit sous suivant l’importance de la fournée (10 à 30 paires de pain). Et il faut distinguer le bois pour le chauffage et celui pour l’éclairage du four au moment de la mise et du retrait du pain, ce qui se fait avec des sarments.Chaque zone du four est chauffée à tour de rôle par des flammes qui « roulent » entre la soie et la voûte. La porte de la bouche reste ouverte, durant la chauffe, pour permettre l’évacuation des fumées et du gaz de combustion. La voûte préalablement noircie par toutes ces émanations s’éclaire quand la température interne s’accroît. Lorsque la calotte du four est blanche, les braises sont étalées sur la surface de la sole et la porte est refermée pour ne pas perdre de chaleur. lorsque le four est suffisamment chaud, la fournière commence par mettre la braise de côté au moyen d’un rable réablé, sorte de racloir placé au bout d’une perche et formé d’une lame de fer allongée à angle droit. Elle netttoie ensuite le four au moyen d’un écouvillon, constitué d’un linge mouillé attaché au bout d’une perche. La buée dégagée durant ce travail favorisera la dorure du pain.
La cuisson
La température idéale, entre 180° et 230° est obtenue en lançant une poignée de farine sur la sole du four. Si elle noircit immédiatement le four est trop chaud, si elle brunit après une trentaine de secondes, le pain peut être enfourné à l’aide d’une pelle à longue manche. Posée sur l’autel, elle est saupoudrée de son. Ce fleurage permet à la pâte de ne pas coller lorsque par un brusque mouvenment d’avant en arrière la fournière fait glisser les pâtons sur la sole. Il faut une longue expérience pour disposer les pains en cercle sur la socle en un minimum de temps pour ne pas avoir de déperdition de chaleur. Après cette opération elle ferme la porte et en bouche les joints avec la cendre pétrie dans l’eau, afin de conserver toute la chaleur du four.Environ une heure plus tard, les pains sont défournés, époussetés et redéposés sur les planches. On profite de la chaleur restante pour cuire des gratins ou d’autres prépations culinaires…Les fournières prélèvent un pain sur trente. Les fournières payent la location du four au propriétaire en nature, c’est-à-dire la moitié des pains et des tourtes qui leur sont attribués par les clients. Ce partage se fait le jeudi et le dimanche.Ce qu’elles ne consomment pas est vendu.