L’agenda & l’almanach

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L’almanach historique

2 janvier 1793 : La ville de Puget-Théniers est reprise par les Sardes

Des travaux hâtifs sont entrepris pour la restauration du château. Mattone di Benevello, signale toutefois que bien que le château constituât : « avec son baraquement et son petit magasin, un poste excellent, où cent hommes pouvaient en repousser mille, il n’y avait même pas un baril de poudre ». Les sardes évacuent le bourg sans combat le 28 février 1793.

14 janvier 1920 : Violente tornade à Saint-Léger

« C’était un jour de classe et aucun élève n’a pu aller à l’école ce jour là. Dès le matin, un vent violent venant de l’ouest s’était mis à souffler, et cela, toujours de plus en plus fort ; il ne cessa que vers 16 heures. A notre maison, façade sud, un balcon en bois fut totalement arraché et emporté dans le vallon. A la ferme des Don, les tôles de la toiture furent toutes arrachées et emportées par le vent dans notre « canebier » (lieu où l’on cultivait le chanvre). Chez Piche, un mur s’est effondré. Au lavoir communal, le « Fouans », un grand peuplier a été cassé à 1 mètre du sol. Il encombra la route. Sur la place de l’église, il y avait deux gros ormes. Celui du bord du mur a été arraché et projeté dans le grand champ du « Clot », l’autre a résisté. Les Bellet et Tahe eurent peur, ce jour là qu’il tombe sur leur maison. Heureusement, en hiver, les feuilles manquent et le vent a moins de prise. Chez les Douhet au Clot du Rouret, un gros sorbier a été arraché. A Panegière, un gros chêne eut le même sort. Monsieur Joseph Blanc, 15 ans, ouvrier de la famille David eut peur toute la journée. Le soir en arrivant au Terron, il a vu le balcon sud arraché. Le gros cerisier « bigarreau » était au sol, les racines en l’air. La tôle des WC avait disparu. A l’école, le vent allant toujours en s’amplifiant, la maîtresse renvoya les élèves à leur maison et se réfugia dans la cave de l’immeuble.« 

Souvenir de Marius Douhet

12 janvier 1908 : Naissance à Saint-Léger de Zoé David

Première « Maire » femme de France en 1945, élue sans discontinuer dans son village jusqu’en 1983, année, Zoé DAVID, est née le 12 Janvier 1908. Après avoir fréquenté l’école de son village de Saint-Léger, elle travaille quelques années dans les hôtels de la Côte, puis revient au village en 1936. Quelques années plus tard, certains proches la mettent en contact avec des Juifs pourchassés à qui on propose de se cacher à Saint Léger, ce petit village au fond d’une route, sans issue à l’époque, et protégé par un pont qu’il n’est pas toujours prudent de franchir. Une vingtaine de Juifs ayant fui Nice lors de la rafle de septembre 1943 ont pu, grâce à celle qui est alors secrétaire de Mairie, être cachés dans les familles du village et ainsi soustraits à la déportation et à une fin tragique. Léon SCHULMAN, un des « hébergés », montera le dossier de reconnaissance et Zoé DAVID sera invitée en Israël en 1991 et reconnue comme Juste. Décorée de la légion d’honneur en 1975, elle s’éteint le 25 Décembre 1994.

23 janvier 1734 : Naissance de Jean-Pierre Papon, « l'historiographe de la Provence » à Puget-Théniers

Jean-Pierre Papon voit le jour à Puget-Théniers le 23 janvier 1734. Après ses premières études faites à Nice, puis Turin pour apprendre la philosophie, il rentre dans la congrégation de l’Oratoire à Aix-en-Provence à l’âge de 18 ans en 1752. Il devient enseignant successivement à Marseille, Riom, Nantes et Lyon…et c’est durant cette période qu’il rédige « L’art du poète et de l’orateur » qui sera réédité cinq fois jusqu’en 1811.

En 1780, il remplit avec succès une mission diplomatique à Turin avant d’être nommé conservateur de la bibliothèque de Marseille. Il y achève son œuvre débuté dans les années 1770 : « l’Histoire Générale de Provence » en quatre volumes. La protection qu’il acquiert du Comte de Provence, frère de Louis XVI, lui permet de réaliser de cette somme monumentale et l’un des premiers guide de découverte touristique : le « Voyage littéraire en Provence ». Il quitte l’Oratoire en 1784 et réside à Paris. La Révolution le prive des fruits de ses travaux et des bienfaits qu’il tenait de l’Ancien Régime. Il se réfugie dans le Puy-de-Dôme après les massacres de septembre 1792, et ne revint dans la capitale que du temps du Directoire. Il mettait la dernière main à l’Histoire de la Révolution qui va jusqu’au 18 brumaire (8 novembre), lorsque le 15 janvier 1803 une attaque d’apoplexie l’enlève subitement aux lettres et à ses amis. Cet ouvrage sera publié par son frère Sylvestre-Antoine également oratorien auquel on doit le « Voyage dans les Alpes-Maritimes » publié en 1804.

24 janvier 1308 : Ordre d'arrestation des templiers de Rigaud
30 janvier 1948 : L'éboulement du Breuil

Dans la nuit du 30 janvier 1948 vers 21h50, l’éboulement du Breuil (3 km en aval de Puget-Théniers), barre le Var et détruit une partie de la voie ferrée et de la route. Messieurs Cotton et Bottiglieri échappent à la catastrophe alors que leur voiture est déportée par la coulée. Rapidement ce barrage naturel transforme la plaine du Planet en un gigantesque lac articifiel de plus de 100 000 m3. La route et la voie de chemin de fer sont coupées pendant plus d’un mois. Les voyageurs prenant le train étaient obligés de descendre au quartier du Gralet et de prendre un sentier de montagne pour reprendre le train au quartier des Blanqueries.

1er février 1805 : Naissance à Puget-Théniers d'Auguste Blanqui

« Le devoir d’un révolutionnaire, c’est la lutte toujours, la lutte quand même, la lutte jusqu’à extinction. »

19 mars : Foire de Saint-Joseph

On y achetait les moutons nés à l’automne, lis daniodi, engraissés en bergerie, les plants d’oignons, alors spécialité de La Croix-sur-Roudoule, et les semences. Cette foire de printemps fut abandonnée par les éleveurs qui ont renoncé à l’élevage automnal. Le fourrage naguère gratuit est devenu coûteux.

22 mars 1844 : Naissance d'Alexandre Baréty

Alexandre, César, Charles Baréty est né le 22 mars 1844 à Puget-Théniers. Il descend d’une vieille famille originaire de Guillaumes. Il fait de brillantes études au Lycée de Nice, couronnées par le Baccalauréat ès-lettres en 1863. Il poursuit ses études à Paris, à la Faculté de Médecine et devient le premier médecin des Alpes-Maritimes reçu au concours de l’internat des Hôpitaux de Paris en 1869. Lors du siège de Paris en 1870, il est aide major à l’Hôpital Saint-Martin. Il devient docteur en médecine le 7 août 1874 en soutenant une thèse s’intitulant « De l’adénopathie trachéo-bronchique, en général et en particulier dans la scrofule de la phtisie pulmonaire, précédée de l’étude topographique des ganglions trachéobronchitiques » .

Sa carrière le conduit de 1878 à 1886 a exercé les fonctions :

  • de médecin aide major,
  • de médecin des administrations, 1880, médecin assermenté des fonctionnaires de l’Etat 1892, médecin principal de la Compagnie des Chemins de Fer du Sud de la France. 1896-1900 Administrateur et vice-président des hospices de Nice de .

Il est également membre du conseil d’hygiène et de la salubrité du département des Alpes-Maritimes entre 1881-1886 et en devient Vice-Président en 1903.

Il entre en politique commme Conseiller municipal de la ville de Nice de 1878-1881. Puis devient Conseiller général du canton de Puget-Théniers entre 1880-1900 et enfin Vice-Président du Conseil général du 22 août 1892 au 8 octobre 1900.

Fidèle ami d’Henri Sappia et dépositaire de son héritage culturel on doit à Alexandre Baréty la fondation de l’Acadèmia Nissarda.

15 avril 1912 : Inauguration de la ligne de tramway de la Tinée

Après plusieurs années de difficultés, le tramway de la Tinée entre en service le 15 avril 1912 sans aucunes mentions dans les journaux : le Titanic vient de sombrer !

25 avril : Foire de Saint-Marc

On y achetait le goret, ce porcelet que l’on tuait au moment des fêtes de Noël. A Annot cette foire était pour tous liée à l’acquisition éventuelle d’une vache tarine en provenance des Hautes-Alpes.

2 mai 1944 : Le capitaine François échappe à une embuscade

Le 2 mai, tard dans la soirée, je quittai notre refuge pour descendre à Puget-Théniers assurer le ravitaillement en pain ; j’avais distribué tout ce qui me restait à la douzaine de jeunes gens qui constituaient, en deux cantonnements, mon petit maquis et il fallait réapprovisionner. Je préviens que je ne rentrerai qu’au petit matin et installai un tour de garde. A mon arrivée au village, les rues étaient désertes mais une porte qui se ferma son mon passage m’avertit que les choses n’étaient pas comme d’habitude : je redoublai d’attention et de prudence ; aux amis que j’allais rencontrer, je mentis délibérément en leur disant que notre groupe allait quitter le pays devenu maintenant trop dangereux. Je ne m’attardai pas et, les pains dans mon grand sac à dos, je repris aussitôt la route ; il était quand même quatre heures du matin quand je passai le pont sur le Var, mon colt à la main droite, une torche dans l’autre.

J’avais à peine cent mètres qu’un bruit m’alerta : la torche que je braquai découvrit un gendarme, un chef que je connaissais et qui était plutôt de notre côté : il parut surpris de me voir, rengaina son arme et m’assura qu’il était là que pour nous prévenir d’une possible offensive des Allemands ; je lui répondis que c’était parfaitement inutile car nous étions sur nos gardes et l’engageai à rentrer chez lui plutôt que de se compromettre inutilement, au milieu de la nuit, et en uniforme, avec le risque de se faire descendre par l’un des nôtres qui aurait la détente facile. Je ne sais pas s’il suivit mon conseil ; pour moi, je repris ma route mais n’allai pas loin : entendant à nouveau du bruit, je plongeai sur le bas-côté et ma torche éclaira…un superbe hérisson en quête de nourriture ; un coup de pied le fait mettre en boule et je l’emporte dans ma musette bien décidé à en faire un bon civet. J’arrivai bientôt à la masure qui nous servait de refuge : tout allait bien, ma sentinelle était en faction : elle avait aperçu à deux reprises les lumières de ma torche, je lui racontai mes rencontres et pour m’amuser un peu, je posai le hérisson à côté d’un gars qui dormait, riant à l’avance de sa tête au réveil, puis je couchai et ne tardai pas à m’endormir. Tout à coup, à moitié réveillé par les promenades du hérisson dans la paille où nous couchions, j’entendis du bruit dans la cave au-dessous, où nous avions entreposé le contenu du dernier parachutage : on parlait français avec un accent d’outre-Rhin : « Foilà les armes ! Où sont les hommes , Parlez, vite Schnell ». Celui qu’on interrogeait devait être ma sentinelle qui s’était endormie. Nous étions certainement encerclés par les boches ; je bousculai Cabot pour le réveiller, non sans avoir mis la main sur la bouche ; je lui mimai un casque à pointe sur ma tête pour lui faire comprendre que nous avions des visiteurs mais, déjà, on frappait brutalement à la porte : « Ouvrez, Police, sortez les mains en l’air… » Sans réveiller les trois autres qui, couchés, ne risquaient pas trop d’être touchés, je fis signe à Cabot d’ouvrir la porte et lançai deux grenades, une de chaque côté, sur les types de la Gestapo qui ouvraient le feu : ils filèrent sans demander leur reste. J’allai ensuite à la fenêtre d’où je vis monter vers nous des gendarmes accompagnés d’hommes en civil qui avaient l’air de diriger l’opération : la Gestapo. C’est sur eux que je commençai à tirer à la Sten : un premier agent s’écroula, son pistolet à la main, un second, qui lui portait secours s’affaissa à son tour en hurlant. Un des gendarmes français en uniforme, que j’avais évité de toucher, prit ses jambes à son cou en direction du village, peut-être pour chercher du renfort. L’alerte était provisoirement passée.

Il n’était pas question de résister sur place : nous ignorions les effectifs de l’attaquant et les réserves dont il disposait ; j’ordonnai donc à mes gars de me suivre en n’emportant que l’essentiel et m’engageai sur le sentier qui, vers l’est, menait à un bois voisin, non sans avoir, au préalable, mitraillé les fourrés environnants. Cabot suivait puis trois autres. Je dus m’arrêter un moment et fis passer Cabot devant : mon pistolet avait glissé de ma poche trouée dans le bas de ma culotte de « golf » et je devais le récupérer. Cabot portait en vrac, dans ses bras, avec nos archives, son pistolet, une grenade défensive dégoupillée et une bombe Gamon à percussion : elle lui échappa alors qu’il venait de passer devant moi et explosa dans ses pieds : mon pauvre radio fut projeté à plusieurs mètres en l’air avant de retomber dans mes bras, déchiqueté, ses vêtements en lambeaux. La grenade américaine dégoupillée qu’il tenait l’instant d’avant rouler sur le sentier. Je plongeai sur le côté mais ne pus éviter d’être atteint ; Cabot, lui, était bien mort, couché sur le dos et regardant le ciel de son regard sans vie ; je lui fermai les yeux, des yeux de vingt trois ans, recouvris son visage d’un mouchoir, puis le fouillai rapidement pour emporter dans ma musette son pistolet et les documents qu’il portait. Les trois autres, pensant à une attaque, s’étaient enfuis. Je retournai m’embusquer quelques mètres en arrière prêt à intercepter les poursuivants éventuels : je craignais surtout que le Gestapo ne nous prenne en chasse avec des chiens : mais ils ne devaient pas en avoir et rien ne se passa. La rapidité et l’efficacité de la riposte avaient visiblement découragé nos adversaires. Je cachai tant bien que mal la dépouille de mon pauvre ami sous un éboulis et commençais à camoufler ce que je pouvais emmener quand, d’un coup, je fus pris de nausées, vomis et perdis connaissance.

J’émergeais de mon évanouissement une heure et demi plus tard et me trouvais pissant dans mon pantalon sans pouvoir m’arrêter ; j’avais très mal à la poitrine et du sang mêlé de bulles s’écoulait de mon sein droit, l’œil du même côté était douloureux mais j’étais bien décidé à m’en sortir ; de là où j’étais, je voyais la route de Digne à Nice, le long du Var et les ponts qui étaient gardés : il fallait pourtant que je traverse si je voulais trouver du secours et brouiller ma piste. Je m’allégeai au maximum, ne gardant que mon petit colt avec trois chargeurs de rechange, deux grenades plus le herstal de mon pauvre Cabot. Je camouflai la mitraillette Sten sous de grosses pierres ainsi que les chargeurs en repérant bien l’endroit où je la laissais ; puis, tantôt marchant, tantôt me laissant glisser dans les fourrés et les éboulis, je me rapprochai du fleuve ; j’y arrivai seulement le soir après toute une journée de souffrance : je pus enfin boire et me baigner le visage : j’avais de la fièvre, mon œil coulait toujours, ma poitrine aussi, je sentais ma figure toute tuméfiée. Peu à peu, je parvins à me dévêtir, je mis mes affaires dans les jambes de mon pantalon que je fermai aux deux bouts et je me laissai aller dans l’eau ; elle était froide, car provenant de la fonte des neiges : je trouvai une branche d’arbre pour m’aider à flotter et commençai la traversée : j’étais à environ 150 mètres en aval du pont du Frajet, je tremblais de froid et de fièvre mais je finis par arriver de l’autre côté et réussis à grimper la rive qui était abrupte à cet endroit. Je me rhabilla non sans m’être frotté d’herbes pour me sécher et me réchauffer un peu, puis traversai la route. Je reconnaissais peu après une petite ferme où j’étais passé la veille de l’attaque et où on m’avait vendu une oie. Les deux femmes qui m’ouvrirent la porte furent effrayées à ma vue : il faut dire que je ne devais pas être beau à voir, avec mon œil sanguinolent, mon visage criblé d’éclats, tout couvert de sang séché et mes vêtements trempés. Pour cette raison et aussi parce qu’elles avaient peur des représailles si elles m’accueillaient, elles me refusèrent même l’abri où elles gardaient deux chèvres. En les quittant, je leur dis que je cherchais à rejoindre Nice pour égarer les recherches au cas où on reviendrait les interroger car elles l’avaient déjà été à mon sujet selon ce qu’elles me dirent. On leur avait aussi enlevé leur poste de radio.

Je connaissais, non loin de là, une grange dont la porte était toujours ouverte. Je m’y rendis aussi vite que je le pus pour passer la nuit ; à l’étage, il y avait du foin dont je me recouvris e je m’endormis aussitôt. L’ouverture de la porte me réveilla ; c’était le propriétaire qui venait prendre du foin : en le voyant armé d’une fourche à trois dents, je préférai ne pas courir de risques et je sortis de ma cachette en exhibant mon pistolet et en lui demandant de lâcher sa fourche. Il ne fût pas plus surpris que ça : « on vous croyait vers chez les Magnan » me dit-il ? Ce qui montrait qu’il avait parlé aux voisines : il me confirma que les allemands me cherchaient, qu’ils surveillaient tous les hameaux des environs et ne doutaient pas finir par me prendre. Je lui racontai mon histoire mais quand je lui demandai d’aller récupérer le portefeuille de Cabot que j’avais oublié dans sa veste, il refusa catégoriquement, craignant qu’on ne le vit. Je n’insistai pas, lui racontai, comme aux deux femmes, que je devais rentrer à Nice et que je comptais passer le fleuve au moyen du câble qui servait un peu en aval, à transporter le bois de chauffage. Bien me prit de ne pas me confier à lui car il s’empressa, dès mon départ, d’envoyer sa femme à Puget-Théniers raconter aux allemands ce que je venais de lui dire : des patrouilles furent envoyées qui fouillèrent les environs sans me découvrir ; je n’étais pourtant pas allé loin, et je restai tout l’après-midi allongé dans un champ de haute luzerne, à vingt mètres parfois de ceux qui me cherchaient. Heureusement qu’il n’avaient pas de chiens. J’attendis la nuit pour reprendre ma progression à la recherche de soins et de nourriture ; j’empruntai des voies impossibles, évitant les sentiers connus et les routes qui étaient gardées ; je marchai une grande partie de la nuit, me dirigeant vers Puget-Rostang par le collet des Aubrics. Je pensais y trouver de l’aide chez des gens qui nous prêtaient leurs ânes pour le transport du matériel parachuté. Quand j’arrivai chez eux, je vis par les fentes des volets d’où filtrait de la lumière, quatre braves G.M.R. qui jouaient à la belote et je décidai d’attendre le propriétaire à l’écurie où il ne manquerait pas de venir soigner ses bêtes au matin. Je passai la nuit couché dans la paille près d’un des bourricots qui me communiquait un peu de sa chaleur ; quand son maître vint le chercher pour l’amener à l’abreuvoir, je lui saisis le poignet en lui fermant la bouche de l’autre main : je crus qu’il allait s’évanouir de frayeur à ma vue ; quand il eut récupéré il me proposa d’aller me réfugier dans une petite ferme qu’il avait à l’écart du village où il me promit de m’apporter à manger dans la matinée. Je fis semblant d’accepter, sachant d’avance, à son attitude, qu’il me laisserait tomber dès qu’il le pourrait, tant sa trouille était intense.

Extrait de BERNARD Gaston – Gabriel Mazier, un officier d’occasion dans le haut pays niçois, édition Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire, Nice,mars 1992.

3 mai 1944 : Le gendarme Léon Remond sauve huit otages

Le 3 mai 1944 une patrouille allemande composée de trois hommes deux officiers allemands et un gendarme français découvre une cache d’armes dans une cave d’une maison isolée située au quartier des Pauves sur la route du col Saint-Raphaël. Entendant du bruit à l’étage supérieur, ils prennent d’assaut le refuge des résistants du groupe du Capitaine François.

Le « Capitaine François » alias Mazier, tue les deux allemands, laisse la vie sauve au gendarme qui ne demande pas son reste et dégage son groupe. Ils se dispersent. Pendant sa fuite, le radio Joseph Cabot est tué par une grenade qu’il avait dégoupillée.

En représailles Puget-Théniers est investi par les soldats de la Wermacht et des représentants de la Gestapo qui recherchent des armes parachutées. Précédemment deux agriculteurs innocents, Jean Bonnet et Félicien Charvin, interceptés sur la route du col Saint-Raphaël ont été abattus sur le champ. Tous les hommes de 18 à 60 ans sont rassemblés sur la place du village, pendant que les policiers fouillent les maisons, réquisitionnent les postes de T.S.F., arrêtent les passagers du train et des autocars, ne découvrant rien. On annonce aux 67 hommes rassemblées qu’ils vont être transférés en Allemagne au titre d’otages. 8 d’entre eux sont alignés le long de la balustrade de la voie ferrée pour être fusillés : Pierre Rangui, Javelle, Constant et Zézé Barnoin, E. Montauti, Jo Olivier, Degionni, et Jean Ferralis.

8 mai : Foire de La Penne

Ce village se trouve à la charnière de l’arrière pays grassois et des zones montagneuses du Haut Var sur l’ancienne route menant de Nice à Puget-Théniers. C’était une foire de contacts entre les propriétaires de troupeaux et les bergers plutôt que de transactions. Cependant, on y vendait des agneaux en surnombre, avant le départ des hommes et des moutons pour les alpages.

 

Pentecôte : La soupe du Saint Esprit à La Croix-sur-Roudoule

La tradition de la Pentecôte au village de la Croix a traversé le temps et persiste de nos jours. Jadis les deux plus jeunes couples de l’année collectaient auprès de la population le blé qui servait à pétrir les fougasses et le pain. Les fougasses après avoir été bénies étaient pendant la messe distribuées en portions aux fidèles à la communion.
Parallèlement « les Novis » de l’année fournissaient les éléments nécessaires à la confection d’une soupe, faite de haricot, de riz et d’huile d’olive. Cette soupe cuite dans un chaudron de cuivre donnait lieu à tout un cérémonial qui conduisait la population en procession au « Saint-Esprit » où avait lieu la bénédiction des pains et de la soupe avant d’êtres distribués à l’assistance.Après les vêpres dans l’après-midi les mariés cherchaient les successeurs pour l’année suivante.
De nos jours, le village de La Croix-sur-Roudoule perpétue cette tradition. Pendant les festivités  le four commun est allumé et  toutes les cuisinières profitent de l’occasion pour préparer viandes, farcis, pissaladière, pizzas, tartes à la confiture, tartes au miel et aux noix, tourtes de blettes…

15 mai 1783 : Fermeture du couvent des Augustins de Puget-Théniers

Les désaccords aux sujets des enterrements entraînent des rivalités entre le clergé de la paroisse, les confréries de Pénitents et les Augustins.

Les Augustins prétendent avoir le droit d’ensevelir dans leur sanctuaire et surtout de procéder personnellement à l’enlèvement des corps. Ce qui provoque un conflit violent avec le vicaire de la paroisse et conduit à la rédaction d’une ordonnance en 1732. Elle rappelle que le vicaire préside à la levée des corps et bénéficie des anciennes coutumes pour la rétribution.

Un nouveau problème éclate en 1762. les Révérends Pères s’arrogent le droit d’aller, en chape et en étole, aux enterrements de ceux qui prennent sépulture chez eux, avant que le cadavre ne leur soit remis.

L’obstination des Augustins et leurs richesses amèneront l’évêque de Glandèves, Monseigneur Hachette des Portes, à fermer leur couvent le 15 mai 1783.

17 mai 1685 : Extraordinaire sécheresse à Entrevaux

« L’an 1685, la sécheresse a été extraordinaire n’ayant point plu de six mois et demi : hormis que le 5 septembre 1684 il tomba un peu de neige, il en tomba encore un peu à la mi-décembre qui fondit promptement et il ne commença à pleuvoir que le 17 mai 1685. Par toute la Provence on faisait des processions et des neuvaines réitérées. Ici on en fit trois, on alla à la Ste Trinité, on porta la châsse de St Jean par la ville ; les enfants allaient nu-pieds et en chemise, tout le monde perdait courage. »

source : DOMENGE Jean-Luc – « Le livre de raison du chanoine Douhet », dans bulletin de la Société d’Etudes de Draguignan, 1993-1994.

19 mai 1883 : Marius Liautaud, mécanicien à Puget-Théniers invente un ancêtre du réfrigérateur

Marius Liautaud mécanicien à Puget-Théniers dépose un brevet d’invention pour la « conservation des substances alimentaires et appareils qui s’y rapportent »

extrait de la science culinaire n°115 du 1er au 15 juillet 1883.

Le procédé de conservation des substances alimentaires qui fait l’objet de la présente demande, a pour base l’emploi d’un mélange d’acide sulfureux et d’azote, agissant dans des appareils de construction spéciale. Nous avons représenté, sur le dessin ci-annexé, les dispositions de ces appareils, dont nous allons donner la description.

La figure 1 représente un appareil portatif, de dimension restreintes, pouvant suffire aux besoins d’une consommation modérée. Il se compose d’une capacité A, de préférence cylindrique en tôle, qu’on peut émailler ou recouvrir intérieurement d’un métal ou d’un enduit inattaquable à l’acide sulfureux. Cette chambre porte, sur son pourtour supérieur, un siège sur lequel vient reposer le couvercle B, avec interposition d’une feuille de caoutchouc, pour assurer l’étanchéité. Une couronne C, attenante au siège permet, sil ‘on veut, de fair un joint hydraulique. Le couvercle B est muni d’un robinet D.

Dans l’intérieur de la chambre, on introduit un panier cylindrique I dont les parois sont constituées par une tôle métallique et qui repose sur des supports, un peu au-dessus du fond. Ce panier est muni soit de claies étagées, soit de barres transversales F avec crochets, pour supporter les substances alimentaires. Vers la partie inférieure de la chambre A se trouve un logement étanche G, fermé par un tampon à vis, et dans lequel on place une coupelle H contenant le soufre. Un tuyau de dégagement I amène les vapeurs d’acide sulfureux au centre de la partie inférieure de la chambre. Pour se servir de cet appareil, il suffit, après avoir garni le panier E de matières à conserver, d’introduire la coupelle H pleine de soufre, d’allumer ce dernier et de fermer le tampon à vis. Le soufre brûle aux dépens de l’oxygène de l’air jusqu’à disparition de ce gaz et il ne reste dans la chambre qu’un mélange d’acide sulfureux et d’azote. L’acide sulfureux agit sur les substances à conserver, la viande par exemple, et les pénètre sur une profondeur plus ou moins grande suivant la durée de l’exposition. Cette durée varie elle-même avec la grosseur des pièces exposées et avec le temps pendant lequel on veut garder ces substances avant leur consommation. La combustion du soufre dans la chambre A, et sa transformation en acide sulfureux, aux dépens de l’oxygène de l’air contenu dans cette chambre, détermine dans cettre dernière un vide partiel, ou mieux une dépression, qui a pour effet de fixer fortement le couvercle B sur son siège. Quand l’opération est terminée, on ouvre le robinet D, l’air extérieur afflue dans la capacité A, l’équilibre de pression s’établit et l’on peut enlever le couvercle B. On laisse échapper les gaz délétèrre et on retire le panier avec les matières qu’il contient. Ces matières sont alors susceptibles de se conserver sans altération, exposées à l’air, pendant un temps plus ou moins long suivant la durée de leur séjour dans la chambre A. Si ce sont des viandes, par exemple, la partie extérieure est seule un peu noircie et desséchée. L’intérieur garde toute sa fraïcheur et sa saveur. La figure 2 du dessin représente, à échelle réduite, une capacité de grandes dimensions. Pouvant contenir une grande quantité de viande et même des animaux entiers. Elle se compose d’une chambre L à parois, de préférence, métalliques, munies, sur deux côtés opposés, de fortes cornières M en nombre variable, sur lesquelles se fixent les traverses N avec crochets pour suspendre les matières à conserver. Une porte P donne accès dans la chambre, à des hommes qui placent ou enlèvent les produits. Le robinet Q permet à l’air extérieur d’entrer au moment voulu. Les vases contenant le soufre allumé se placent sur le plancher de la chambre, et s’introduisent par de petites portes non figurées sur le dessin. Ces portes, ainsi que la porte P, ferment hermétiquement, soit à l’aide de bandes en caoutchouc, soit par tout autre moyen. Quand l’opération est faite, on ouvre les robinets Q et R’ et on fait arriver par le tuyau R un courant d’air fourni par une pompe, ou un ventilateur; la chambre se trouve ainsi débarrassée des gaz délétères, et les hommes peuvent alors entrer par la porte P pour enlever les substances traitées…

1 juin 1722 : Naissance de Gaspard Corporandy d'Auvare

Gaspard Corporandy d’Auvare nait le 1er juin 1722 à La Croix-sur-Roudoule. En 1745, il entre comme volontaire dans le corps du génie français. Il reçoit le baptême du feu en Italie, au cours de la première période de la guerre de la succession d’Autriche. Il est alors « dangereusement blessé à la tête par un éclat de bombe au siège du château de « Casal ». Dès 1750, il remplit officiellement les fonctions d’ingénieur militaire. Gaspard Corporandy d’Auvare fortifie des places de guerres, dresse des projets de siège des citadelles ennemies, donne un avis sur les plans de campagne. Il suit de près les opérations, veillant à l’ouverture des tranchées, à l’installation des batteries… Son état de service mentionne en 1769, lors d’une campagne en Corse « attaque et construction des redoutes sous le feu de l’ennemi ». Son expérience lui fit gravir tous les échelons. Il s’occupa particulièrement des fortifications de la région du Rhin et de la Corse. Les commandants en chef d’armée se plurent à l’appeler « le sage d’Auvare » . En 1770, Louis XV le récompense de ses mérites en le nommant Chevalier de Saint Louis. Au Printemps 1791 il prend sa retraite comme Maréchal de camp à La Croix. Mais il ne peut rester sur une terre étrangère dont le souverain menaçait d’entrer dans la coalition contre la France. Il se retire dans la cité voisine d’Entrevaux. Sa sagesse, il eut l’occasion de l’illustrer dans le Pays de la Roudoule. Entrevaux, en 1792, devient, malgré les oppositions de son maire, partisan de l’ancien régime, une « ville de garnison ». De nombreux incidents surgirent. Dans la nuit du 17 au 18 janvier 1792, la patrouille commandée par les officiers municipaux voulut sévir contre des sous-officiers des volontaires qui faisaient un « affreux vacarme » dans un cabaret. Une rixe s’ensuivit. D’autres volontaires accoururent en criant aux armes. La patrouille se barricada dans la maison commune (…) les volontaires se disposaient à prendre d’assaut la mairie,et à mettre le feu aux maisons. L’intervention du citoyen d’Auvare arrêta l’émeute et ramena le calme. Les soldats rentrèrent à la caserne et déposèrent les armes. Le maire donna sa démission puis émigra. Il est rappelé à l’activité à l’âge de 71 ans, « C’est dans ces moments de crises, que des hommes de talent se doivent à la patrie ». D’Auvare fut affecté comme général de division et conseiller technique à l’état-major général de l’armée des Pyrénées-Orientales de mai 1793 à août 1795, date de la conclusion de la paix avec l’Espagne. D’Auvare rentra dans sa retraite et finit ses jours, dans le même lieu qui l’avait vu naître, le 1er mai 1804.

6 juin 1944 : Méfiez-vous du Toréador

Le débarquement du 6 juin 1944, et le message qui l’accompagne – « Méfiez-vous du Toréador » déclenche une guérilla généralisée destinée à entraver le mouvement des troupes ennemies.

Ignorant l’heureux événement, le 6 juin dans la matinée des maquisards des Francs-Tireurs et partisans tendent deux embuscades dans la journée : l’une au col de Toutes-Aures contre trois voitures de la Gestapo de Digne qui se rendent à Nice et l’autre à Saint-Julien-du-Verdon au carrefour des routes de Castellane et Digne.

Le 10 juin, pour couper la route Nice-Digne les résistants détruisent Pont-de-Gueydan.Les représailles ne se font pas attendre.

Le 11 juin, 11 résistants sont abattus à Saint-Julien-du-Verdon. Parmi eux, trois pugétois du groupe François, Jacques Adam, étudiant niçois du groupe Antomarchi venu récupérer des armes à Puget-Rostang pour son maquis, ainsi que d’autres élèves du Lycée de garçons de Nice qui avaient décidé de rejoindre la résistance du côté de Levens, mais n’ayant aucun contact avaient été interceptés à leur retour sur Nice par la Milice.

Pour éviter l’encerclement et sécuriser la zone du maquis de Beuil étendue entre les vallées du Haut-Verdon du Haut-Var, le commandant Sapin, chef du réseau « Perpendiculaire » puis des F.F.I. décide de contrôler les voies de communications. Dans le Cians, le pont du Pra d’Astier détruit une première fois en juin a été remplacé par un pont de bois contrôlé par la Wehrmacht. Après l’élimination d’une sentinelle, Il est plastiqué dans la nuit du 6/7 juillet.

Le 8 juillet, le capitaine François et les hommes du maquis de Beuil font sauter le pont du Berthéou à l’entrée des gorges de Daluis. Pour contrôler les chemins muletiers entre Daluis et Sauze et La Croix-sur-Roudoule et Guillaumes deux postes d’observation et de tirs sont établis à Villeplane et au Col de Roua.

Le 14 juillet, Les villages du canton de Guillaumes hissent le drapeau français. La riposte allemande (700 hommes) débute au Pra d’Astier le 18 juillet et se concentre ensuite sur les gorges de Daluis qui paraissent plus à faciles à investir que celles du Cians.

Entre le 18 et 21 juillet, des escarmouches s’engagent dans les gorges de Daluis. Le 22 juillet au matin, un mortier force le verrou de la Gardienne des gorges. Lors de ces combats, le caporal Marcel Sini est tué et le lieutenant Maurice Colonelli décède de ses blessures à l’hôpital de Barcelonnette. Plusieurs résistants sont blessés. Le pont du Berthéou est réparé avec les rails du tramway et une colonne s’engage dans les gorges. A midi, une compagnie allemande s’empare du poste du col du Roua alors qu’une centaine de soldats progressent en direction de Sauze. Guillaumes est investi dans la soirée. Le repli du maquis de Beuil est général. Guillaumes est déserté. A l’exception de quelques anciens, tous les habitants ont gagné les hameaux et les villages environnants. Les Allemands occupent Guillaumes le 23 juillet. Ils sont rejoints par une colonne de 150 hommes arrivant du col des Champs. Ils l’abandonnent à l’aube du 24. Un otage, Jean Vercelli est abattu sur la route de Bouchannières. Le débarquement en Provence étant imminent, les troupes sont rappelées pour renforcer le front de Mer.

Le maquis de se reforme rapidement. Le 16 août, au lendemain du débarquement en Provence, les résistants obtiennent par la ruse la reddition de la garnison de Puget-Théniers. Les combats vont se poursuivre entre Tinée et Vésubie contre de petites garnisons allemandes qui capitulent à St Martin-Vésubie le 17 août et à l’usine hydroélectrique du Bancairon entre le 18 et 19. Les F.F.I. font mouvement vers le Sud pour entrer en contact avec les troupes alliées. Ils sont stoppés au confluent du Var et de la Vésubie par la puissance de feu ennemie. Il faudra attendre la Libération des villes du littoral pour que la Wehrmacht soit contrainte de se retrancher dans les forteresses de l’Authion, de Mille-Fourches et de Plan Caval jusqu’au 25 avril 1945…

11 juin : la "fiera dei bou" à La Penne

Les cultivateurs se procuraient une paire de bœufs jeunes que l’on revendait deux ans après au même endroit. Car on ne pouvait utiliser des animaux trop forts dans ces terres pierreuses, sous peine de briser le soc de l’araire.

11 juin : Procession à la chapelle St Barnabé à Saint-Martin-d'Entraunes

Symbole d’unité de la communauté saint-martinoise, le romérage de la Saint Barnabé, était très prisé par les habitants des villages proches.

A l’origine de cette célébration, une légende relate qu’après s’être assoupi aux pieds des Aiguilles de Pelens, St Barnabé fut réveillé par de jeunes villageoises qui lui offrirent une part de leur pain. Avant de reprendre sa route, le saint homme promit une prospérité éternelle aux campagnes saint-martinoises. En hommage, chaque année, dans le courant du mois de mai, les consuls de la communauté se chargeaient d’une « collecte » de blé auprès des habitants. Puis le 11 juin, groupée derrière le buste en bois doré de saint Barnabé, la population gravissait les pentes qui conduisent sur le plateau, à une petite chapelle. Après un office solennel et la bénédiction des campagnes, les participants recevaient chacun un pain consacré, la fête se prolongeait par un repas champêtre suivi de réjouissances et pour finir, après les vêpres, de la descente au chef-lieu.

La Saint Barnabé a bien changé. Expression d’une civilisation rurale, elle a du, pour se perpétuer, se plier à des changements inhérents à notre époque industrielle et urbaine. La fête patronale prend désormais des libertés avec le calendrier liturgique et, à l’image de ses paroissiens, le Saint s’est motorisé pour gravir les pentes qui conduisent à l’antique chapelle. L’aumône a disparu, laissant place à une contribution volontaire des Saint-Martinois (qui seraient bien en peine de fournir du blé ! D. Andréis

22 juin 1792 : François Mireur, un habitant d'Escragnolles à l'honneur

Le 22 juin 1792, à Marseille, les volontaires du Midi sont galvanisés par le jeune médecin François Mireur, natif du village d’Escragnolles dans les Préalpes de Grasse. C’est à lui qu’il reviendra de les conduire sur la route de Paris en s’efforçant de leur apprendre la marche cadencée aux accents du Chant de guerre de l’armée du Rhin. En dépit des observations du comte de Deux-Ponts affirmant n’avoir « jamais rien vu de si sale que ces fils de la liberté », la troupe fera grand effet lors son arrivée dans la capitale, au point que son hymne de marche deviendra le Chant des Marseillais, très vite rebaptisé La Marseillaise. le chant retomba néanmoins rapidement dans l’oubli d’où devaient le ressortir les pères de la IIIe république.

23 juin : Foire d'Entrevaux

On s’y retrouvait à la veille de la grande fête de la Saint Jean. A cette occasion on pouvait notamment acheter des râteaux à foin.

30 juin 1760 : Démantèlement de la forteresse de Guillaumes

En mars 1760, la France ratifie le traité de rectification des frontières avec le Royaume de Sardaigne. Elle cède la ville de Guillaumes et son terroir a condition que la citadelle soit démantelée. Les Guillaumois, désœuvrés, menaçant de s’opposer à la destruction de leur forteresse contraignent Louis XV à maintenir la garnison quelques mois de plus en attendant que les tensions s’apaisent. Le 30 juin 1760, le Maréchal de Belle-Isle, ministre de la guerre, enjoint à l’intendant de Provence de faire transporter les six canons et les munitions moitié à Colmars et moitié à Entrevaux. Un marché est passé avec deux entrepreneurs d’Entrevaux, Joseph Paban et Jean-Baptiste Bonnet pour le démantèlement des fortifications pour le prix de 2072 livres 6 sols 8 deniers et la libre disposition des matériaux. Les démolisseurs rasent les bastions, les remparts et les casernes. Ils ne laissèrent du haut donjon que les deux murailles avec deux rangées de meurtrières sans toit ni plancher ! Le 10 octobre, la garnison se retire en Provence et la ville est investie le 20 par un commissaire du gouvernement sarde escorté d’une compagnie de 25 invalides qui loga chez l’habitant.

Proverbe du 21 juillet

Se plou per San Victor, noun se recoulto de l’or. S’il pleut à la Saint-Victor, on ne récoltera pas de l’or (La pluie est de nouveau souhaitée lorsque les récoltes sont rentrées et que le niveau des citernes commencent à baisser à la fin du mois de juillet.)

25 juillet 1899 : Ferdinand Arnodin achève le pont suspendu sur la Roudoule

Le pont suspendu construit entre 1898 et 1899 est une synthèse d’innovations techniques. Il illustre le perfectionnement des matériaux, du câble à torsion alternative aux dispositifs amovibles de fixation (câbles de suspension et suspentes) en passant par les poutres métalliques en « I » assurant la rigidité du tablier. Il reste un des rares témoins de l’histoire des ponts suspendus en France.

26 juillet 1481 : Jean Baleison achève la chapelle Sainte Claire à Venanson
Proverbe du 26 juillet

Se plou per Sant’Anna, l’aiga est una mana. S’il pleut pour la Sainte-Anne, l’eau est une manne.

(Une pluie pour la Sainte-Anne, en principe après les moissons, prolonge le vert des pâturages et une pluie au environ du 15 août les fait reverdir un peu.)

29 juillet 1525 : Antoine Ronzen achève Le retable de ND du Bon Secours

Conservé dans l’église paroissiale de Puget-Théniers, ce retable provient de l’ancien couvent des Augustins dissout en 1783.

Il évoque l’intercession de Marie auprès du Christ et du Christ auprès du Père à la demande d’un suppliant dont la tenue évoque un homme de justice. Puget-Théniers, au XVIe siècle a rang de viguerie. L’œuvre datée du 29 juillet 1525 est attribué à Antoine Ronzen. La vierge dite « Avocate » présente sa poitrine en faveur du donateur agenouillé. Le Christ reposant sur le suppedaneum de la Croix présente nonchalamment ses plaies. Sur cette dernière sont suspendus les instruments de la Passion. A droite en retrait se trouve la colonne de la flagellation au sommet de laquelle se trouve le coq en référence au reniement de Saint Pierre et trois dés qui ont servi au partage du manteau du Christ.

1er août 1914 : Mobilisation générale

En milieu d’après-midi, le tocsin alerte les populations qui découvrent cette affiche : le président de la République, par décret, ordonne la mobilisation générale, que mettent en œuvre les ministres de la Guerre et de la Marine (l’armée de l’air n’existe pas encore). L’affiche, d’un type imprimé en 1904, est complétée de la date effective, puis placardée par la gendarmerie. Chaque réserviste sait, en consultant son livret individuel de mobilisation, le lieu et le jour auxquels il doit répondre à l’appel.

Le rostagnois Joseph Geay incorporé dans le 112e régiment territorial à Toulon note dans son cahier : Le 1er août à 2h du matin réveil pour rendre tout au magasin, on craint que la mobilisation sonne pendant le jour. Nous touchons nos frusques de guerre pendant la journée du 1er au lieu d’avoir quartier libre à cause du retour des Alpes.

3 août 1914 : Déclaration de Guerre à l'Allemagne Mémoire du soldat Rostagnois, Joseph Geay incorporé dans le 112e régiment territorial de Toulon

Le 3 : Arrivée des réservistes et encombrement de la cour par les camions et chevaux réquisitionnés. Corvées d’armes à l’arsenal de terre. Je revois quelques amis qui tous sont bien tristes. En ce moment, le Capt nous réunis et nous parle avec affection.

4 et 5 août 1914 : Mémoire du soldat Rostagnois, Joseph Geay incorporé dans le 112e régiment territorial de Toulon

Le 4 et 5 : Suis de garde à la gare. Là encore se déroulent devant mes yeux des scènes poignantes. Des pauvres mères qui viennent accompagner leur fils, des femmes, des gosses qui viennent dire peut-être un dernier adieu à des êtres qui lui sont chers, des parents, des amis, des frères, des sœurs, des fiancées qui cela aussi, veulent accompagner jusqu’au train qui doit les emmener peut-être à la mort ; des amis, des frères et des fiancées et à tous ces pauvres parents ou amis nous sommes obligés de dire vous ne pouvez pas rentrer dans la gare : Alors, c’est des prières, c’est des larmes qui s’adressent à nous pauvres plantons qui souffrons encore plus qu’eux ; car toutes les fois que cela se renouvelle ; cela nous rappelle nos départs au moment où nous avons quitté nos chères familles. Tous ces pauvres gens sont obligés de retourner bien triste. Hélas !! de ne pouvoir rester avec les êtres qui leurs étaient chers. Ils vont jusqu’au départ du train beaucoup d’entre eux leur faire un dernier adieu avec leur mouchoir de sur le pont de la gare. Et pendant deux jours et deux nuits que je suis de service c’est toutes les minutes, les mêmes scènes qui se passent. Aussi c’est avec impatience que nous attendons la relève. Enfin le 5 soir elle arrive et nous allons nous reposer un peu. Quand nous sommes partis de la carnes deux jours avant ; nous avions espoir que la guerre n’éclaterait pas mais maintenant elle est déclarée depuis le 4 au matin. Nous devons partir le 7 pour une destination inconnue.

15 août : Défilé des Sapeurs de l'Empire à Guillaumes

La célébration de l’Assomption, le 15 Août, donne lieu à une grande procession à partir de l’église jusqu’à la Chapelle des Pénitents blancs, Notre-Dame du Buyei. En 1713, Quatre hommes portaient sur un brancard posé sur leurs épaules, la statue de la Sainte Vierge. Prêtres et fidèles suivaient en chantant des cantiques. Un certain aspect militaire était donné à cette fête par la présence d’une troupe de « bravadeurs » armés de mousquets qu’ils utilisaient pour tirer des salves. Cette coutume coûtait assez cher à la commune, 45 livres cette année là et l’on était pas à l’abri des incidents. 12 livres à F. Matthy pour un fusil crevé à la bravade et 12 livres 3 sols au serrurier L. Raybaud pour avoir accommodé les fusils de la communauté et ceux des particuliers pour la bravade.

Par la suite, la compagnie des bravadiers fut complétée par un piquet d’honneur de huit hommes portant l’uniforme des sapeurs du premier Empire. Ces soldats, originaires du village, firent le vœu, selon la légende, lors de la campagne de Russie en 1814, de rendre honneur à la Vierge, le jour de son Assomption, s’ils revenaient vivants. Le choix du jour de l’Assomption de la Vierge, le 15 août, n’est par un hasard. Louis XIII, fit de la Vierge Marie, la patronne de France, et ce jour correspond à la saint Napoléon.

16 août 1944 : La libération de Puget-Théniers

Au lendemain du débarquement en Provence, les capitaines François et Rodolphe (Alias De Lestang Labrousse) accompagnés d’un groupe d’hommes du maquis de Beuil entreprennent de faire tomber la garnison allemande de Puget-Théniers. Ils se positionnent au-dessus de la ville à la Roche d’Abeilles, où ils rencontrent Charles Autran, en train de cultiver son jardin. Ce dernier leur apprend que la garnison allemande compte une trentaine d’hommes. Le capitaine François qui souhaite prendre la ville par la ruse fait courir le bruit qu’elle est complètement encerclée par les maquisards. Angèle Pellicia-Casimiri, avertie, part à la rencontre de François. Il l’envoie chercher deux ou trois élus pugétois, afin de leur communiquer son plan de pourparlers. En l’absence du Maire, le 1er adjoint Marius Laugier et M. Gagnoni, Officier de Eaux et Forêts répondent à son appel. Marius Laugier mène avec un interprète les tractations de reddition. La garnison, qui se croit encerclée, se rend au Capitaine Rodolphe qui est en uniforme. L’affaire est rondement menée, d’autant plus que la troupe comporte beaucoup de Polonais enrôlés de force. Seul un officier de la Gestapo, dénommé « Willy » arrivera néanmoins à prendre la fuite.

Dans la ville, libérée sans une goutte de sang, c’est l’allégresse : « tous se retrouvaient, naturellement du côté des vainqueurs du jour et se sentaient l’âme résistante » selon le propos du capitaine François. A l’occasion de cette journée, il veilla à atténuer les rancœurs et les règlements de comptes. La garnison de 28 hommes sera conduite dans le dépôt des tramways de Guillaumes et employée aux réparations des ponts de la Barlatte et du Berthéou.

Proverbe du 10 août

Se plou à san laurens, l’aigo fai de ben. S’il pleut à la Saint Laurent, l’eau fait du bien.

Proverbe du 24 août

San Bourtoumiéou bouto l’aiga au riou. Saint-Barthelemy met l’eau au ruisseau. (La pluie arrive un peu tard)

24 août 1682 : Incendie de Guillaumes

En 1682, Guillaumes est une importante place forte à la croisée entre Colmars et Entrevaux sur frontière française. La forteresse est occupée en permanence par deux compagnies qui disposent également de casernements dans le village. Un incendie éclate dans la nuit du 24 août 1682. Fort heureusement il fut circonscrit par l’action conjuguée des soldats et des villageois. Un ex-voto, nous donne un aperçu tragique de cet incendie accidentel.

De la citadelle, on voit les soldats accourir aidant la population à noyer les flammes, à sauver les vieillards et les malades. Au premier plan « on sauve les meubles » et les ballots de linge, on dirige et on se désespère… Au centre on se focalise sur la prière pour obtenir l’intercession de St Barthélemy auprès de la Vierge.

La ville fut épargnée et les Guillaumois y virent le fait de l’intervention mariale. Ils lui dédièrent ce tableau et les consuls firent le vœu, au nom de la population, d’aller tous les ans le 24 août en procession d’actions de grâces au sanctuaire de Notre-Dame de Buey.

8 septembre 1651 : Crue du Var

Le chanoine Douhet d’Entrevaux écrit dans son livre de raison que : « le 8 septembre 1651 jour de feste de Nostre-Dame, les ponts de Pierre du Var et de la Charvagne tombèrent, les rivières ayant tellement débordé qu’à la plus basse rue, il y avait 6 pans d’eau… »

Source : DOMENGE Jean-Luc – « Le livre de raison du chanoine Douhet », dans bulletin de la Société d’Études de Draguignan, 1993-1994.

9 septembre : Foire aux tardons de Beuil

Cette date coïncide avec la fin de la période d’estivage. Les bergers vendaient les agneaux nés au printemps « lis tardouns ». Les foires de Beuil les 9 septembre et 3 octobre étaient jadis les plus fréquentées, (cas unique pour la région, elles duraient deux jours). Outre les moutons on pouvait y faire l’acquisition ou la vente de vaches. Rigaud et Auvare y vendaient ou échangeaient leurs légumes (haricots) contre les lentilles de Beuil, Saint-Léger et Puget-Rostang y portaient leurs noix et leurs amandes.

28 septembre 1388 : Dédition de Nice
Proverbe du 29 septembre

La plueio de San Miquèu s’arrestoun jamais au cèu. Les pluies de la Saint-Michel ne s’arrêtent jamais au ciel.

10 octobre 1451 : Le maître dit "de Lusernetta" achève Les peintures murales de la chapelle Saint-Erige à Auron
12 octobre 1492 : Giovanni Canavesio achève les peintures murales de Notre-Dame des Fontaines à La Brigue

… et Christophe Colomb découvre l’Amérique !

20 octobre 1525 : l’inondation de Puget-Théniers fait 78 morts

L’inondation du faubourg et du quartier de la Coste par la Roudoule fait 78 morts. De nombreux habitants émigrent vers le « Figeret d’Anot » (Le Fugeret) et Puget Figette de Chanan (Saint-Pierre).

8 novembre 1906 : Puget-Théniers innondée

Les dégâts sont tellement spectaculaires que l’Éclaireur de Nice propose une excursion « pittoresque » au « bon goût de catastrophisme », pour visiter la cité meurtrie.

11 novembre 1918 : Armistice
26 décembre 1953 : Le miracle de la Vierge d'Entrevaux

Le 26 décembre 1953, alors qu’il jouait aux cartes avec des amis, dans un moment d’énervement Jean Salvade, gérant du restaurant du Var, jeta par terre une statuette de sainte Anne, qu’il avait achetée l’année précédente dans une vente publique. La statue se brisa un doigt. Deux jours plus tard, c’était la fête des Saints-Innocents – Jean Salvade déclara qu’il avait vu du sang couler à l’endroit de la fracture et en appela à sa servante pour témoigner de ce miracle. Par trois fois, le sang coula à nouveau. Entrevaux connut les honneurs de la première page des journaux, les curieux affluèrent et bientôt une incroyable foule de croyants, parmi lesquels des malades se déclarèrent guéris. En ville le commerce devenait florissant. Sept ans plus tard, en 1960, Salvade révélait la vérité. Ce sang au doigt de la statue, c’était le sien qu’il faisait jaillir en se piquant avec une épingle.

Pour en savoir plus : « Le faux miracle de la Vierge d’Entrevaux », journal de l’Ecomusée, n°27, p.15-18.

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